Philippe Fournier, dit Paco, décide de ne pas ramener ses fils de 6 et 7 ans à leur mère qui en avait obtenu la garde.
Enfants puis adolescents, Okyesa et Tsali Fournier vont rester cachés sous différentes identités. Greniers, mas, caravanes, communautés sont autant de refuges qui leur permettront de vivre avec leur père, en communion avec la nature et les animaux.
Traqués par la police et recherchés sans relâche par leur mère, ils découvrent le danger, la peur et le manque mais aussi la solidarité des amis rencontrés sur leur chemin, le bonheur d’une vie hors système : nomades et libres.
Une cavale de onze ans à travers la France qui va forger leur identité. (Allociné)
Je reviens brièvement sur ce film que j’ai raté en salle, comme pas mal de monde j’ai l’impression. C’est dommage car il est très intéressant et confirme le retour en forme de Cédric Kahn après l’excellent Une vie meilleure.
Le réalisateur est à son meilleur lorsqu’il filme des personnages en mouvement malgré eux, en cavale ou lancés dans une fuite en avant (comme dans Roberto Succo , Feux rouges ou Une vie meilleure donc). On comprend très vite que Vie Sauvage leur emboîte le pas via une ouverture impressionnante qui laisse entendre qu’on ne va pas respirer très confortablement pendant un bon moment. Et c’est le cas : Vie Sauvage est bien un film de cavale, et c’est sur cet aspect là qu’il convainc le plus.
Lorsque ce père en fuite et ses 2 garçons parviennent finalement à se poser, ou lorsque Kahn cède à la tentation « transcendantaliste » (communion avec la nature, rupture idéalisée avec la société corrompue-corruptrice, le côté Walden du film en somme), c’est un peu naïf.
Un peu seulement, et pas longtemps : une ellipse absolument géniale (quoi de plus symbolique et concret à la fois qu’une coupe de cheveux pour signifier le temps qui passe ?) retend le film comme dans ses premières minutes : ce père rebelle, anarcho-crevard (il se rêve en indien des campagnes gerso-normandes) a, le plus logiquement du monde, élevé 2 rebelles. C’est à la fois implacable mais également très beau car cette rébellion trouve finalement sa source dans les sentiments, qui, semble nous dire Cédric Kahn, prendront toujours le pas sur les convictions, la détermination, la force de caractère.
Dans sa dernière partie, le réalisateur se permet à nouveau un génial coup de force narratif en laissant totalement de côté un Mathieu Kassovitz jusque là omniprésent (et excellent, comme souvent) pour retrouver le personnage de la mère (Céline Salette, très bien également même si un peu trop jeune pour le rôle) dans un dernier quart d’heure huis clos assez ébouriffant où la sécheresse côtoie à nouveau les sentiments les plus violents (les Dardenne co-produisent le film, c’est pas une surprise).
Je ne saurais donc trop conseiller une petite séance de rattrapage pour ce film à la fois âpre et profondément émouvant.