Le prototype du FQTAAMCEVPP: le Film Que Tu Aimerais Aimer Mais C’Est Vraiment Pas Possible.
Tes a priori te font craindre le pire mais tu ne veux pas y croire: tu VEUX avoir tort. Et tu y crois parfois, oh, pas beaucoup, mais suffisamment pour te dire que tu avais bien fait de ne pas perdre espoir. Mais c’est trop peu, trop peu souvent et malgré toute ta bonne volonté, le résultat est sans appel: c’est moyen/sans intérêt/naze/nul à chier (rayer la mention inutile).
Le Hobbit n’est pas nul mais c’est peut-être pire: il est inutile.
Le savoir-faire de Peter Jackson (on le sent d’ailleurs peut-être un peu trop le savoir-faire, c’est justement le problème) empêche le film de sombrer dans l’ignominie mais à peine le générique de fin lancé, tu as oublié ce que tu viens de voir. Tu as oublié cette looooooooooooooooooongue séquence d’introduction à Cul-de-sac (rétrospectivement, tu te dis que c’était peut-être pas ça le pire), cette multiplication de panoramiques à la grue, de plongées numérisées dans les tréfonds de la Terre du Milieu, de filtres de couleur, ce bestiaire inconséquent à force de de virtuosité et de systématisme, voire de systématisme virtuose (on peut pas s’empêcher de se demander ce que Guillermo Del Toro en aurait fait…).

Ca aurait pu fonctionner, ça frémit même parfois un peu. Bilbo le Hobbit est un récit foncièrement enfantin et ludique, moins sombre que le Seigneur des Anneaux: la forme se met au diapason, plus colorée, plus kitsch, plus fantasy en somme, moui, pourquoi pas… Le budget semble colossal et bien utilisé (= il se voit à l’écran), les progrès dans le domaine des effets spéciaux, stupéfiants… Mais les enjeux, déjà bien minces, s’effacent très rapidement devant une succession de morceaux de bravoure qui frise l’absurde et plonge en tout cas allègrement dans l’inconséquence. Quant à la psychologie des personnages alors là mon vieux…
J’ai revu les 2 premiers épisodes de la trilogie du Seigneur des Anneaux avant la séance. Je suis un grand fan du bouquin de Tolkien, j’avais adoré la trilogie à l’époque de sa sortie ciné mais je craignais de la revoir: j’ai été très agréablement surpris… Peut-être les (relatives) contraintes budgétaires, la nécessité absolue de tailler le récit dans le vif, l’enthousiasme manifeste et transpirant de chaque image des auteurs face au défi titanesque que constituait l’adaptation cinématographique d’une œuvre jugée inadaptable ont-elles suffi à assurer sa réussite?
Je voulais y croire. Il a très vite fallu se rendre à l’évidence: cette nouvelle trilogie part sur de très mauvaises bases. Quand les seuls points positifs sont des réminiscences de la trilogie précédente (le charisme de Gandalf, les décors de Fondcombe, la touchante monstruosité de Gollum) ça pue quand même un petit peu… Le Hobbit, un film qui joue sur la connivence/la nostalgie d’une oeuvre achevée il y a à peine 9 ans… Purée…
On en vient à suspecter l’appât du gain, le mercantilisme le plus vil d’avoir présidé aux motivations des auteurs de ce film: pourquoi 3 fois 3 heures pour un récit aussi « mince »? C’est moche. Et un peu triste.