Damien – Flirt

C’est mon DDM (Disque Du Moment). Celui que j’écoute en boucle pendant 3 jours/une semaine/un mois, tout dépend du niveau d’addiction, et qui finit à un moment ou un autre par défiler dans ma tête en permanence. Il est sorti au printemps et je l’ai tout de suite aimé mais comme de trop nombreuses nouveautés ardemment attendues, compulsivement acquises et hâtivement écoutées, je l’ai classé illico dans les vachement-bien-ça-va-vraiment-falloir-que-je-le-réécoute-un-de-ces-4. Va pas falloir me pousser beaucoup pour que je reconnaisse que c’était mieux avant, quand j’achetais 3 cds par an, je te le dis moi…

Non je déconne, c’est trop cool d’avoir en permanence 8 giga de MP3 à découvrir.

Damien, c’est le Chanteur Français dans toute sa splendeur : fragile, ironique, lettré, bourgeois, touchant. Il sortait il y a 5 ans un premier album au titre impeccable (L’Art du Disque) et au single-manifeste qui aurait fait un magnifique représentant hexagonal pour le concours de l’Eurovision.

On l’a d’ailleurs très vite comparé à Sébastien Tellier, autant en raison d’une certaine parenté pileuse que par paresse : ils sont parisiens tous les 2 et se placent dans une filiation gainsbourgienne mais quel chanteur pop français ne le fait pas ? Ils ont certes été signés sur le même label, Record Makers, celui de Air mais leurs styles sont très différents, quoique complémentaires: Tellier est maximaliste, enregistre des chansons bigger than life, Damien volontiers minimaliste et davantage dans le détail.

Flirt, son 2ème  album, enfonce le clou d’une pop française… différente, un peu à côté de la plaque mais faussement naïve (t’as vu, j’ai pas dit « décalée ». Non mais oh, faut pas déconner quand même) : sous la fragilité, la légèreté et/ou l’émotion, ou plutôt dans le même temps, Damien s’épanouit dans une sorte de poésie un peu triviale, un peu tordue voire un peu malaisante parfois. Les 10 chansons de Flirt parlent de coup de foudre, de séduction, de vie de couple, de rupture. Elles sont drôles, justes, émouvantes.

Sur la forme Damien réinvestit le terrain d’une chanson française élégante et modeste, celui défriché avant lui par des Vassiliu ou Moustaki, puis plus tard Katerine (avant les acides), Mathieu Boogaerts ou même Julien Baer dans un registre nettement plus lisse (« lisse » sur la forme uniquement, et ça n’a rien de péjoratif). Le son est un peu crade, voire lo-fi mais super précis, infiniment détaillé : il faut probablement beaucoup travailler (et avoir beaucoup de talent, ça aide ça aussi quand même) pour que la négligence et le jem’enfoutisme apparents ne soit jamais surjoués. Ses mélodies sont à la fois accrocheuses et surprenantes, jolies et inconfortables.

Surtout, la grande affaire de Flirt, c’est l’utilisation de la pedal-steel, qui confère non seulement une tonalité countrysante mais qui vient surtout souligner les sentiments évoqués : la pedal-steel c’est THE instrument des vraies chansons d’amour véritables qui mentent pas et ça Damien l’a bien compris. Vraiment, la pièce maîtresse de l’album, n’est plus seulement drôle, juste, émouvante mais tout simplement bouleversante. Dans le top 5 des chansons de l’année, easy.

L’album s’achève sur une note douce-amère, infiniment mélancolique, de celles qui nous collent un léger sourire un peu triste, avec le très beau Sympathique : Flirt est beaucoup plus que ça.

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