Grande remise refait donc une incursion au pays des ferias, du total look Desigual et des 4×4 blancs pour le festival This Is Not A Love Song, Tinals pour les intimes, oasis de précision et de bon goût au pays des ferias, du total look Desigual et des 4×4 blancs.
T’as une impression de déjà vu ? C’est normal, c’est la même intro que l’an dernier : j’aime bien et puis merde, faut dire ce qui est, c’est quand même le festival du mauvais goût dans ce pays nom de Dieu.
C’est aussi le festival du hipster Tinals. A tel point que j’ai pas vu une seule Stan Smith. On se croirait à Londres… Pas vu un seul punk à chien non plus du coup, ça va sans dire.
Cette année, le festival passe à la vitesse supérieure avec encore plus d’animations et d’ateliers, encore plus de scènes (une petite supplémentaire), encore plus de groupes, encore plus de têtes d’affiches. Et, logiquement, encore plus de monde.
Première conséquence : le programme de cette 1ère journée est chamboulé… la veille au soir : ça n’est plus l’excellent Kevin Morby qui ouvre le weekend nîmois dans la grande salle mais les Swans. Morby (de même que Mikal Cronin) est relégué dans la petite salle, j’y reviendrai.
Les Swans donc, en ouverture du festival. Evidemment, on ne saurait imaginer plus radical et intransigeant comme entrée en matière. On ne saurait non plus imaginer moins Grande remise : j’ai assisté au set, concentré, patient, je connais la réputation cultissime du groupe, son influence énorme… et c’est tout. Cette musique ne me touche pas, tout simplement. Bien sûr, la prestation impressionne : disposés de manière ultra compacte au centre de la scène, les musiciens paraissent comme prêts au combat et de fait, ils envoient du bois comme on ne dit plus depuis des lustres. Sauvage, viscéral, violent même. Oui… Oserai-je le dire néanmoins ? Oh, je vais oser tu le sais bien toi : je m’attendais à bien « pire » ie plus sauvage, plus viscéral, plus violent et surtout, compte tenu de la réputation du groupe à ce sujet, plus bruyant. Très supportable tout ça finalement.


Content de sortir prendre l’air quand même.
Dan Deacon attaque son set. Hyper volubile (il le concède lui-même) il fait le show comme personne, demandant aux personnes devant lui de former un large cercle et organisant un dance contest en désignant lui-même les participants (« you, with the Sex Pistols shirt »; « you girl, will you join us please ? »). Gros succès et grosse ambiance, ça va sans dire. « La musique? » dis-tu. Mmmmh « anecdotique » répondrai-je.
Je me rends sans tarder dans la petite salle pour y voir LE concert que je ne veux pas rater aujourd’hui, celui de Mikal Cronin. Vu l’an dernier au même endroit, il accompagnait Ty Segall à la basse. Cette année, il revient défendre son propre répertoire et notamment son 3ème album, sobrement intitulé MCIII. Accompagné de 2 clones de Ty Segall à la batterie et aux claviers, d’un sosie d’Alex Turner (Arctic Monkeys) à la Rickenbacker et d’un bassiste extrêmement barbu-chevelu, il balance 45 minutes de pop 60s survitaminée, surpuissante. Je réalise que son groupe ressemble très exactement à sa musique : un peu garage, un peu heavy, très pop : lui-même, les cheveux courts, avec sa guitare portée haut, prend des faux airs de John Lennon (il ressemble également beaucoup à un Mark Duplass svelte). Quel pied en tout cas ! Sur l’album, moult cordes et arrangements subtils. Sur scène, électricité maximale, solos nerveux, refrains accroche-coeur. Super concert, vraiment, qui aurait mérité la grande salle (merci les Swans 1).
Retour à l’extérieur : je fais la queue afin de pouvoir me rafraîchir le gosier. Derrière moi, une nana doit expliquer à sa copine la signification de l’acronyme DTC. Mais dans quel monde vit-on je te le demande ? C’est ça la France de 2015 ? On en est encore là ? Et après on s’étonne que le train du progrès nous passe sous le nez… Je leur ai lancé un regard réprobateur bien senti crois moi. Non mais oh.
Là, c’est la foule des grands soirs, ça rigole plus : c’est Thurston Moore, MÔÔÔSSIEUR Sonic Youth en personne. Accompagné de Steve Shelley (qui, c’est drôle, accompagnait Lee Ranaldo au même endroit l’an dernier), de la bassiste de My Bloody Valentine et d’une guitariste, il envoie méchamment lui aussi. Ce rock new-yorkais ne me touche que peu en vérité mais là, bordel, quelle classe. Super concert… Et ce son de guitare incroyable, si caractéristique, qui semble avoir 16 ans pour toujours et balance des « fuck you » goguenards à chaque accord. Pas grand chose à dire de plus : la grande classe.
Je trace à nouveau à l’intérieur (je me rends compte que je ne fais que courir…), je voudrais voir un bout du set de Kevin Morby : peine perdue, il joue donc dans la plus petite salle et une file d’attente impressionnante s’est formée… alors qu’à l’intérieur, c’est déjà plein à craquer ! Lui aussi aurait sans doute mérité la grande salle qui lui était initialement dévolue (merci les Swans 2)
Je me rends donc dans la grande salle où va avoir lieu le concert de Gaz Coombes, ex-leader de Supergrass (tu suis toujours ? Ca va trop vite ? Eh ouais, c’est ça This Is Not A Love Song cette année). Je l’attendais également impatiemment ce concert. Et c’était nul. Enfin… carré, plat. Nul donc. Ah c’est sûr les chansons sont pas du même niveau que celles de son ancien groupe. Il semble vouloir « prouver » lors de chacune d’elles : qu’il a mûri, qu’il s’est amélioré, qu’il est capable d’écrire des chansons plus complexes et plus profondes qu’Alright ou Grace. Il s’assied au piano, la guitare en bandoulière, il jouera des 2 instruments sur le même morceau. Plus tard il passe d’une guitare électrique à une guitare acoustique au milieu de la chanson. Il se donne du mal… Mais rien ne fonctionne malheureusement. Très déçu par ce concert sans relief en tout cas. Sinon il est toujours aussi mignon, pas de problème.
Je ressors, Caribou a déjà commencé (ça va vite. Ca va beaucoup trop vite). Chouette prestation electro-pop, dansante et légère, chouette light-show, chouette groupe. Au milieu de la nuit, dans une atmosphère déjà un peu humide (il tombe quelques gouttes et la fraîcheur se fait sentir puisqu’il est minuit passé), ça l’effectue parfaitement serais-je tenter de dire. D’ailleurs je l’ai dit.
Et puis… rideau. Pas envie de revoir Thee Oh Sees qui m’avaient énormément déçus à l’automne dernier.
Bilan mitigé pour cette 1ère journée et surtout, le sentiment, la certitude même que le festival a bel et bien franchi un palier en termes de notoriété et d’envergure. Sans pour autant perdre de sa convivialité et de son atmosphère gentiment artisanale. Simplement, les concerts du jour m’ont parfois un peu déçu. Mais ça n’est que le début !
A suivre donc.