Boomerang – critique

Boomerang : nom masculin, arme de jet capable en tournant sur elle-même de revenir à son point de départ… En revenant avec sa sœur Agathe sur l’île de Noirmoutier, berceau de leur enfance, Antoine ne soupçonnait pas combien le passé, tel un boomerang, se rappellerait à son souvenir. Secrets, non-dits, mensonges : et si toute l’histoire de cette famille était en fait à réécrire ? Face à la disparition mystérieuse de sa mère, un père adepte du silence et une sœur qui ne veut rien voir, une inconnue séduisante va heureusement bousculer la vie d’Antoine… (Allociné)

Quand j’étais jeune, il existait ce qu’on appelait les « sagas de l’été », sur TF1 la plupart du temps (celles de France 2 étaient moins putassières donc évidemment moins jouissives et moins successful), avec:
– des vieilles gloires de l’époque, souvent des femmes (je vois Mireille Darc, je vois Nicole Calfan)
– voire carrément des ancêtres, dans le rôle de l’ancêtre de la famille (je crois me souvenir de Jacques Dufilho par exemple)
– des familles donc, souvent 2, super liées par le passé mais super ennemies désormais, souvent à cause d’une histoire de cul mal digérée ou d’un lopin de terre abusivement labouré et cultivé (on déconne pas avec ça en Vendée/Dordogne/Provence, le lopin de terre abusivement labouré étant parfois la métaphore, voire le prolongement, d’un cul abusivement besogné).
– des régions télégéniques (Vendée/Dordogne/Provence donc, plutôt que Limousin/Lozère/Moselle)
– des autochtones tellement authentiques, tellement plein de bon sens. Et tellement englués en bas de l’échelle sociale, soyons sérieux: les héros de ces sagas, les personnages principaux, étaient toujours de grands bourgeois sinon des aristocrates.
– un ou des secrets bien enfouis qui ne demande(nt) qu’à resurgir pour déclencher la tempête du tourbillon des sentiments de la vie bouleversée par la passion. Des sentiments.

Tournage Boomerang
Image chopée sur le site de Challenges. Y a pas de hasard, jamais.

Boomerang, c’est un peu une saga de l’été condensée en un peu moins de 2h.
On y retrouve donc la majorité des ingrédients énumérés ci-dessus : l’île de Noirmoutier pour la cinégénie et l’ancrage Reflets de France, un couple d’autochtones (des domestiques bien sûr), Bulle Ogier pour la case « ancêtre » doublée d’une caution « cinéma d’auteur » (Bulle Ogier nom de Dieu… ça fait mal de la voir là), un accident de voiture pour le déclenchement de l’histoire, un secret enfoui crès crès profond qui va être peu à peu dévoilé, un drame familial de la passion du tourbillon des sentiments de la vie. Et Mélanie Laurent, un drame tout court. Encore que, c’est tellement mauvais que finalement, elle est supportable (j’en reviens pas d’avoir écrit ça: je l’ai vue très récemment dans l’excellent Les Derniers parisiens, elle m’a presque flingué le film cette andouille).

C’est bien simple, on pourrait croire le film produit par Paris Match ou Télé 7 jours: qu’est-ce que c’est mauvais nom de Dieu… Bourgeois, prévisible, clicheteux, conformiste, y compris dans son « plaidoyer » pour la tolérance. Ca aimerait bien faire revivre Rebecca (retour sur les lieux du drame avec la maison familiale en centre névralgique du trauma du protagoniste principal, en l’occurrence Laurent Lafitte qui, parenthèse dans la parenthèse, serait bien inspiré de commencer à mieux choisir ses rôles) mais on est définitivement du côté des Coeurs brûlés.

Enfin, ça se regarde et c’est mauvais-rigolo, pas mauvais-énervant : c’est donc davantage un nanard qu’un navet, c’est déjà ça.

Top cinéma 2015 – 1ère partie – worst of

Ces 6 derniers mois voire cette année, j’ai posté beaucoup moins assidûment sur Grande remise. Because life.

Du coup je me rattrape un peu en m’étalant sur certains films au sujet desquels j’avais prévu de poster un billet au moment où je les ai vus mais je ne l’ai finalement pas fait car pas eu le temps ni/ou la motivation de finir. Et je fais très court sur d’autres parce que je vais pas poster mon top en Mars non plus.

Je ferai juste un top 10, le reste entrera dans diverses catégories.

Je commence par les films que non-mais-sans-déconner-c’est-pas-possible. Y en a pas beaucoup finalement.

Spectre

Il aura donc fallu attendre 2015 et près de 40 ans de fréquentation des salles obscures pour que je ne reste pas jusqu’au bout d’une séance. J’étais particulièrement claqué ce soir là mais le film était particulièrement naze. Et pourtant j’avais adoré Skyfall. Comme je culpabilisais un peu, je me suis quand même tapé l’heure et des brouettes qu’il me restait à voir quelques jours plus tard chez moi : je suis bien content d’avoir dérogé à une règle vieille de 40 ans et de m’être barré avant la fin.

Boomerang

Quand j’étais jeune, il y avait ce qu’on appelait les « sagas de l’été », sur TF1 la plupart du temps (celles de France 2 étaient moins putassières donc évidemment moins jouissives et moins successful), avec:
– des vieilles gloires de l’époque, souvent des femmes (je vois Mireille Darc, je vois Nicole Calfan)
– voire carrément des ancêtres, dans le rôle de l’ancêtre de la famille (je crois me souvenir de Jacques Dufilho par exemple)
– des familles donc, forcément, souvent 2, super liées par le passé mais super ennemies désormais, souvent à cause d’une histoire de cul mal digérée ou d’un lopin de terre abusivement labouré et cultivé (on déconne pas avec ça en Vendée/Dordogne/Provence), le lopin de terre abusivement labouré étant parfois la métaphore, voire le prolongement d’un cul abusivement besogné.
– des régions télégéniques (Vendée/Dordogne/Provence donc, plutôt que Limousin/Lozère/Picardie)
– des autochtones tellement authentiques, tellement plein de bon sens. Et tellement englués en bas de l’échelle sociale, car c’est ainsi qu’il doit en être.
– un ou des secrets bien enfouis qui ne demande(nt) qu’à resurgir pour déclencher la tempête du tourbillon des sentiments de la vie bouleversée par la passion. Des sentiments.

Tournage Boomerang
Image chopée sur le site de Challenges. Y a pas de hasard. Jamais.

Boomerang, c’est un peu une saga de l’été condensée en un peu moins de 2h.
On retrouve donc ici, en vrac dans les indispensables ingrédients: l’île de Noirmoutier, un couple d’habitants de l’île (des domestiques donc), Bulle Ogier (Bulle Ogier nom de Dieu… ça fait mal de la voir là), un accident de voiture, un secret enfoui crès crès profond, un drame familial. Et Mélanie Laurent, un drame tout court.
Qu’est-ce que c’est mauvais nom de Dieu… Bourgeois, prévisible, clicheteux, conformiste, y compris dans son « plaidoyer » pour la tolérance. Ca aimerait bien faire revivre Rebecca (retour sur les lieux du drame avec la maison familiale en centre névralgique du trauma du protagoniste principal, en l’occurrence Laurent Laffitte qui, parenthèse dans la parenthèse, serait bien inspiré de commencer à mieux choisir ses rôles) mais on est définitivement du côté des Coeurs brûlés. Mais enfin, ça se regarde et c’est mauvais-rigolo, pas mauvais-énervant : c’est donc davantage un nanard qu’un navet.

Un moment d’égarement

Là on penche nettement davantage du côté du navet car c’est un film extrêmement désagréable.
Boomerang on s’en moque davantage qu’on s’en agace. On ne s’y ennuie pas et s’il pêche par excès de conformisme, se complaisant dans son univers « passion Burberry« , il délivre un « message » difficilement critiquable.
Un moment d’égarement est, comme on a pu le lire ici ou là, un manifeste pour la neo-beaufitude, étalage de pognon décomplexé (à l’écran et pour ses personnages), relents misogynes, conservateurs, hypocrisie à tous les étages. Je m’attarderai pas davantage, ça n’en vaut pas la peine. Je me demande quand même comment Jean-François Richet, cinéaste dont les qualités cinématographiques ne sont même pas l’objet du débat, mais cinéaste volontiers taxé de gauchisant, a pu pondre un film aussi ouvertement « sarkozien ». A noter que l’adaptation est co-signée Lisa Azuelos, immortelle poétesse bling-pouffe de LOL et autres Comme t’y es belle et que ça, c’est nettement plus logique. Quelques lignes sur le film original, nettement plus intéressant, ici.

Le film de Berri était 100 fois moins faux-cul et n'avait pas peur de montrer une belle moustache.
Le film de Berri était 100 fois moins faux-cul et n’avait pas peur de montrer une belle moustache.

Papa ou Maman

Putain c’est horrrrrrrrrriiiiiiiiiiiiiiiible ça aussi en fait.
C’est écrit par les mêmes tâches qui nous ont pondu l’immonde Prénom et ça se voit tout de suite. Même cynisme insupportable, même fausse méchanceté qui tire sur les ambulances, même manque de discernement dans le registre humoristique : le simple fait de taper sur les vieux/les enfants est censé déclencher le rire. Et non les mecs, c’est pas aussi simple que ça et le problème n’est pas de savoir si on peut rire de tout ni même avec n’importe qui. On peut retourner cette question dans tous les sens, à toutes les époques, au sujet de tous les événements, y compris les plus tragiques, la réponse a toujours été « oui, on peut rire de tout, à condition d’être drôle ». Aussi incroyable que ça puisse paraître, ce qui déclenche le rire, c’est un bon gag/une bonne réplique avant une prétendue provocation. Tout ça avant, bien entendu, le final bien réac et bien dans les clous comme il faut. Papa ou Maman est en fait l’équivalent cinématographique de ces fils à papa qui font une crise de punkitude/hippietude pendant quelques mois avant d’intégrer sagement une école de commerce/médecine hors de prix.

Seul sur Mars

Gros potentiel nanardesque : un bon exemple de film à regarder/commenter à plusieurs. Le pitch : Matt Damon se retrouve laissé pour mort sur Mars. Ses collègues de mission ont du dégager et revenir sur Terre dans la précipitation d’une tempête d’une rare violence. Laissant Damon derrière eux donc. Mais c’est cool, no soucy, il en a vu d’autre le mec (c’est Jason Bourne et il sait résoudre des équations mathématiques insolubles): il va simplement nous concocter 2-3 tutos pour nous expliquer comme s’en sortir si on se retrouvait un jour dans la même situation. Tranquilou bilou. Non mais sans déconner…
Donc ça c’est ce qui se passe côté Mars. Sur Terre, un Ridley Scott décidément toujours aussi inspiré (sérieux, c’est à se demander s’il est pour quelque chose dans Alien finalement, c’est son unique vrai bon film!) aligne cliché sur cliché, scène vue mille fois sur séquence ultra-prévisible, du directeur de la NASA qui ne pense qu’à sauver ses miches au super geek, un Noir évidemment (et probablement atteint du syndrome d’Asperger) par qui la lumière viendra. Evidemment. Et ça dure quasiment 2h30 cette plaisanterie !

"Et ça tu vois, ça passe crème avec un petit kawa. Crème. Lol"
« Et ça tu vois, ça passe crème avec un p’tit café. Crème. Lol« 

Vive les Vacances

Je suis le spectateur idéal pour ce type de films mais celui-ci est vraiment pas terrible. Évidemment, j’ai souri, voire ri à quelques reprises mais il faut être honnête: c’est l’équivalent US d’une comédie avec Kad Merad.

Birdman

Un grand NON pour ce film qui m’a horripilé de la première à la dernière seconde. Zéro au 4 à la suite donc. J’en parle davantage ici.

Belles familles

J’ai beaucoup de tendresse et de respect pour Jean-Paul Rappeneau et la majorité de ses films mais là, malgré un savoir-faire évident (rythme, montage notamment), c’est vraiment pas possible: ça pue trop la naphtaline. Un film de vieux monsieur typique. Libidineux en plus.

Karin Viard, vue quelques jours avant dans Lolo, fait 15 ans de plus ici que dans le film de Delpy. Et j'ai passé les 3/4 du film à me demander si Gilles Lellouche avait des implants. Je pense que oui.
Karin Viard, vue quelques jours avant dans Lolo, fait 15 ans de plus ici que dans le film de Delpy. Et j’ai passé les 3/4 du film à me demander si Gilles Lellouche avait des implants. Je pense que oui.

Bis

Chaque année, je me tape une comédie française dont je sais à l’avance qu’elle va être bien dégueulasse. Comme ça, un soir de paresse intellectuelle souvent, et parce que j’ai envie de constater l’étendue des dégâts d’un genre qui me tient à cœur (la comédie française donc). Bis, réalisé par Dominique Faruggia, starring Kad Merad et Franck Dubosc semblait parfait pour ça. Et j’ai été servi : c’est dégueulasse. Dégueulasse et déprimant. Pas grand chose à dire de plus.

Jurassic World

On parle souvent au sujet des blockbusters, de films formatés à l’extrême, tant est si bien qu’on jurerait leur scenario craché en quelques secondes par un logiciel maléfique dans lequel on se serait contenté de saisir quelques mots-clés : « action », « enfants mignons », « blanc méchant », « noir gentil », « bonnasse », « bonnard », « first, they meet and then they fight, then they meet again and at the end, they fuck » etc etc. J’ai rarement eu autant ce sentiment que devant ce film. OK, le combat final entre les 2 gros dinos est assez cool mais c’est un film qui manque tellement de personnalité, de caractère, d’aspérités, de singularité… Même le nom du réalisateur (Colin Trevorrow) semble virtuel et avoir été généré par une machine.

Tu m'étonnes qu'il détourne le regard: elle a des mollets immmmmondes. Désolé, fallait que ça sorte.
Tu m’étonnes qu’il détourne le regard: elle a des mollets immmmmondes. Désolé, fallait que ça sorte.