Il m’a fallu un petit peu plus de 30 ans mais le weekend dernier, je suis enfin allé voir un match de mi Madrid au Santiago Bernabeu. Le Real et moi, j’en ai parlé dans cet article.
Ce qui m’a frappé en sortant du métro, c’est que le stade est tellement intégré au paysage urbain qu’on ne le remarque pas vraiment. Ma première impression a été celle d’un immense immeuble entouré d’autres immenses immeubles, pas celle d’un stade. Ou alors il faut débarquer d’un autre endroit pour en saisir pleinement la nature de stade. Ou encore j’étais trop excité/ému pour avoir la vue claire, c’est possible aussi.
Parce que bon, après tout ce temps, tous ces matches, toute cette souffrance consentie, si ce n’est chérie, toutes ses joies aussi, quand même (j’ai vécu 6 victoires en Ligue des Champions bordel !) se retrouver enfin là devant… Grosse émotion.
Alors il faut être honnête, tout n’est pas rose (ou plutôt blanc) :
– quand on arrive bien à l’avance comme tout bon novice qui se respecte (j’étais excité), on réalise pleinement que Santiago Bernabeu/le Real Madrid aujourd’hui, c’est un peu (beaucoup) Disneyland, avec les hordes de fans/touristes étrangers venus instagramer leur Real Madrid experience et laisser leur pognon dans tous les goodies possibles et imaginables (et on t’en vend des merdes je te prie de croire). Bravo Florentino, t’as fait du bon boulot.
Bon, c’est le lot de tous les plus grands clubs j’imagine, et le mes que un club, malgré la mesqueunclubitude dont il se vante tant, n’y échappe pas lui non plus. Mais le Real Madrid, institution universaliste s’il en est, doit, j’imagine, exploser tous les records à ce niveau-là. Ainsi, beaucoup de Russes et de Chinois notamment, sans trop de surprise, traînent autour du stade mais aussi beaucoup de Sud-Américains. Pas mal de Britanniques floqués « Bale« aussi (il joue pas puisqu’il est évidemment encore blessé). Les maillots des Espagnols quant à eux portent majoritairement les noms de Ramos, d’Isco et d’Asensio, la nouvelle idole (blessé lui aussi).
– Il faut dire en outre que c’est compliqué de choper une place. Il faut passer par un prestataire intermédiaire qui ne l’obtient (la place) qu’au dernier moment: je l’ai eue la veille au soir seulement et il n’est pas rare de la recevoir en mains propres le jour même du match.
En fait ces places là (celles que les pékins comme toi ou moi peuvent parfois acheter) sont celles d’abonnés qui ne se rendront pas au stade. D’où mon ciblage d’une affiche moins intéressante (Malaga, 19ème avant la rencontre): pour un match contre l’Atletico, le Barca ou le Bayern, il doit falloir passer par le roi d’Espagne si on est pas abonné.
– Conséquence logique et directe du point ci-dessus: ça coûte une blinde. Pour un Toulouse–Guingamp, c’est limite si on te paie pas. Là non, clairement. Bim.
– Ramos est blessé (Lucas Hernandez lui a pété le nez lors du derby contre l’Atletico le weekend précédent).
– Modric sur le banc. Ca ça me fait vraiment chier, davantage que les absences de Ramos ou Asensio car c’est mon joueur préféré dans l’effectif de ces dernières années.
MAIS MAIS MAIS
Le Real ça n’est pas QUE Disneyland évidemment. C’est un club plus que centenaire dont la légende n’est plus à écrire depuis plus d’un demi-siècle et dont bon nombre de traditions ont été maintenues malgré tout.
Et c’est mon club, tout simplement.
Du coup, je laisse tout ça facilement de côté lorsque je pénètre enfin dans l’enceinte (je suis arrivé une bonne demie-heure avant l’ouverture des portes. J’étais excité) :
– Le stade est magnifique, à la fois gigantesque et étrangement accessible. C’est aussi dû au fait que je suis placé pas loin d’un poteau de corner, donc relativement près de la pelouse. Mais curieusement, j’ai eu du mal à concevoir qu’il pouvait accueillir plus de 80 000 personnes, ce qui est pourtant le cas. Pour situer, Santiago Bernabeu peut donc accueillir la population de Béziers, Antibes, La Rochelle ou Pau. Avec un peu de marge. C’est pas le plus grand stade du monde évidemment (le Camp Nou a une capacité supérieure pour ne citer que lui) mais c’est con, je l’avais jamais envisagé de cette manière. Sans doute parce que je n’y avais jamais mis les pieds.
– Il est entièrement blanc et bleu, soit les couleurs du club: les aberrations chromatiques des tenues away et third de ces dernières années ne l’ont pas encore contaminé, ça fait plaisir. Tout comme on ne parle plus de naming pour l’instant, même si je ne me fais pas d’illusion.
– Les joueurs sont venus s’échauffer de mon côté. Non seulement sur « mon » but mais près du poteau de corner devant lequel j’étais installé ! Ca c’était vraiment super cool car bien sûr inattendu, n’ayant pas pu choisir l’endroit où je serais assis exactement:


– Le stade est à moitié vide 5 mns avant le coup d’envoi, puis tout à coup presque plein (75 000 spectateurs pour recevoir l’avant-dernier au classement quand même!)

– Un stade qui siffle pas mal CR7 à l’annonce de la composition des équipes. Petit plaisir perso. Benzema a droit à quelques sifflets également, Zidane à des applaudissements nourris. Belle ovation enfin pour Michel, ancienne gloire de la casa blanca (et accessoirement mon idole footballistique éternelle), c’était prévisible: il fait partie de ces anciens joueurs dont la fidélité au Real n’a jamais été démentie.
– Un stade de 80 000 personnes qui ronronne gentiment la plupart du temps et rugit tout à coup pour un enchaînement de Marcelo, un crochet d’Isco ou un tacle de Carvajal. C’est la réputation de Santiago Bernabeu et ce à quoi je m’attendais (un public de gâtés pourris qui ne s’enflamme pas à le demande mais choisit ses moments), je n’ai pas été déçu: rarement « vu » autant de monde rassemblé dans un si petit espace faire si peu de bruit. Mais quand ça se réveille, c’est impressionnant. J’ose pas imaginer ce que c’est lors des grosses affiches européennes contre la Juve ou le Bayern.
– Et pour cause: les spectateurs occasionnels tels que moi sont malgré tout minoritaires. Le club compte près de 80 000 abonnés dont plein de vieux socios qui débarquent avec leur coussin et leur paquet de pipas, qui discutent de tout et de rien, débrifent la semaine (l’actualité du club mais aussi la leur) donnent l’impression de se foutre de ce qui se passe sur le terrain mais n’en loupent pas une et réagissent au quart de tour dès qu’il se passe quelque chose de notable (surtout côté arbitral évidemment).
– Toni Kroos, numéro 3 de mon top 3 joueurs préférés de l’effectif 2017 (1. Modric 2. Marcelo 3. Kroos) est venu taper un corner de mon côté. Du coup j’ai dérogé à ma règle de ne pas prendre de photo pendant le mach
– Le Real a été nul et le match moyen mais y a eu du suspense et j’ai vu 5 buts. Ca s’annonçait facile après l’ouverture du score rapide de Benzema mais Malaga est revenu 2 fois au score et aurait même pu espérer mieux. La libération est survenue de « mon » côté sur un penalty raté par CR7 qu’il a lui même repris après que Roberto, le gardien de Malaga l’a repoussé dans ses pieds. J’ai donc vu CR7 rater un péno ET marquer un but, double plaisir.
– Et pour couronner le tout, Modric est entré en jeu en milieu de 2ème mi-temps: j’ai pu assister à 2-3 accélérations-orientations bien senties, tout comme à un enchaînement de Marcelo (auteur d’un très mauvais match par ailleurs), des interventions bien tranchantes de Varane et Carvajal (le premier a joué en patron en l’absence de Ramos, il m’a fait forte impression), un petit festival technique de Benzema et quelques autres sucreries.
C’était génial quoi même si c’est passé super vite… Mais je reviendrai, c’était trop bon!
J’ai essayé de rester sobre dans ce compte-rendu, tout comme j’ai tâché de pas trop montrer mon émotion/excitation au milieu des socios m’entourant et qui en ont vu d’autres mais ce fut un très, très grand moment et une intense émotion.