Joe – critique

joe-day2-523small_wide-f5495e4fec1737604cb53159e19f21490ef551fc-s6-c30
Dans une petite ville du Texas, l’ex-taulard Joe Ransom essaie d’oublier son passé en ayant la vie de monsieur tout-le-monde : le jour, il travaille pour une société d’abattage de bois. La nuit, il boit. Mais le jour où Gary, un gamin de 15 ans arrive en ville, cherchant désespérément un travail pour faire vivre sa famille, Joe voit là l’occasion d’expier ses péchés et de devenir, pour une fois dans sa vie, important pour quelqu’un. Cherchant la rédemption, il va prendre Gary sous son aile… (Allocine.fr)

J’ai trouvé ça très mauvais pour ne pas dire plus.

David Gordon Green s’est fait connaître au début des années 2000 avec une trilogie dont le film le plus remarquable (L’Autre Rive) l’a installé comme numéro 1 indiscutable au classement des wannabe/futurs Terrence Malick. Très beau film âpre et naturaliste. Puis virage à 180° : il s’est acoquiné avec les barons de la neo-comédie US pour une paire de films absolument géniaux (Pineapple Express avec Seth Rogen et James Franco, The Sitter avec Jonah Hill) un ratage total (Votre majesté, très très lourd, malgré Danny McBride et Zooey Deschanel en esclave sexuelle) et de nombreux épisodes de la grandiose série Eastbound and Down (avec Danny McBride encore, sans doute la meilleure comédie vue à la TV depuis The Office UK, pas moins).

Il a opéré une sorte de retour aux sources l’an dernier avec Prince Avalanche (pas folichon mais pas mal. Mais pas folichon), il revient totalement à ses premières amours avec Joe.

Joe avait, sur le papier, absolument tout pour me plaire : la flemme de faire l’article mais en gros, tout ce qui composait également Mud.
Mais ici, rien ne fonctionne selon moi : l’intrigue est trop distendue, manque de romanesque et surtout, surtout, le film semble accumuler absolument tous les clichés de l’americana de manière grotesque. A ce stade, la question de la vraisemblance ou du réalisme n’a plus vraiment de pertinence. Tout ici respire la glauquitude, la crasse, les bas fonds de l’humanité. Aucune respiration. Pourquoi pas, n’est-ce pas ? C’est un choix. Le problème c’est que David Gordon Green filme tout ça sans aucun recul, avec une certaine complaisance même. La scène où Joe (un Nicolas Cage tout en implants capillaires ET visagaux) se rend furibard au bordel, mon Dieu… Comment peut-on écrire et filmer une telle scène au premier degré ? Inadmissib’.

La relation filiale que Joe tisse avec Gary (un Tye Sheridan moins poupon et plus hormonal que dans Mud) ne suscite aucune émotion. Et cette conclusion sur le mode « the circle of life »…

J’espère que David Gordon Green va rapidement refaire une incursion du côté de la comédie, ça lui va finalement beaucoup mieux.