A Deadly Adoption / Grossesse sous surveillance – critique

C’est un téléfilm donc je ne l’inclurai pas dans mon bilan cinéma annuel. Mais ça mérite quelques mots car c’est un « objet » vraiment unique.

Le pitch: Un couple s’attache les services d’une jeune femme, afin qu’elle soit la mère porteuse de leur enfant. Ils l’accueillent chez eux, mais l’innocence de la future maman est trompeuse… (Allociné.fr)

Il s’agit en réalité d’une parodie de ces téléfilms comme on peut encore en voir tous les après-midis sur TF1 ou M6 notamment, à base de familles parfaites et parfaitement heureuses, victimes un jour d’un drame terrible (maladie incurable de la maman ou du petit dernier) ou jouets d’une baby sitter maléfique en quête de vengeance.

Mais c’est une parodie d’un genre très particulier puisqu’on serait bien en peine d’y déceler quelque décalage que ce soit. On se situe donc davantage dans le registre du pastiche, mais là aussi, d’un pastiche qui tiendrait carrément du copié-collé.

Tout répond en effet aux canons du genre : A Deadly Adoption aligne les poncifs du genre avec une science consommée et une application remarquable. Rien, absolument rien ne manque : ouverture plan aérien avec la petite musique qui va bien, maison de rêve, couple idéal (lui, auteur à succès, elle, tient un stand de produits bio dans leur petite ville proprette), drame « fondateur » (enceinte de leur 2ème enfant, elle le perd suite à un accident sur le ponton du lac au bord duquel ils vivent; le 1er, une adorable gamine évidemment blonde comme les blés, souffre de diabète, ET JE TE PRIE DE CROIRE QUE CA AURA SON IMPORTANCE A UN MOMENT), arrivée de la mère porteuse forcement suspecte (elle est brune, jeune et bonne, si ça c’est pas suspect), meilleur ami de la mère forcément gay, twist de la mort, répliques entendues mille fois (« How could you do this to our family? », « I’m your new mommy now ») etc etc jusqu’à l’inévitable happy end et l’indispensable carton final « inspiré d’une histoire vraie ». Vu et revu mille fois, hyper prévisible. Zéro gag, zéro second degré.

Alors quoi ? Pourquoi s’intéresser à ce qui ressemble, de près comme de loin, à une grosse daube ? Et surtout, pourquoi ça serait une parodie ?
Parce que les rôles principaux sont tenus par Kristen Wiig et Will Ferrell bien sûr (et que c’est produit par Adam McKay, le binôme de Ferrell).

a deadly adoption
Alors évidemment, tout ce qu’on voit à l’écran est à recevoir très différemment… Et là où ils sont décidément très forts, c’est qu’ils jouent le jeu à fond, sans jamais montrer de signe qu’ils s’adonnent à un exercice parodique encore une fois : si quelqu’un regarde A Deadly Adoption sans rien savoir d’eux, il ou elle croira à un véritable téléfilm Lifetime (la chaîne qui les diffuse principalement aux Etats-Unis, et qui l’a diffusé il y a quelques mois; un genre de Téva pour faire court). Ferrell est parfait en père de famille vertueux et successful, Wiig impeccable en housewife comblée puis bafouée mais, mère courage, prête à tout pour sauver sa famille. Tout juste peut-on noter que Ferrell arbore une fausse barbe un peu grossière mais ça aussi ça fait souvent partie du cahier des charges du genre. Wiig déploie quant à elle une garde robe absolument irréprochable de soccer mom 2.0.

Le radicalisme de la démarche amuse donc mais impressionne aussi pas mal : si aucun signe, manifeste ou pas, ne dévoile le caractère factice et parodique de l’entreprise, où est-ce qu’on se situe ? On peut légitimement penser aux happenings d’Andy Kaufman, à une video d’art contemporain même, pourquoi pas ?

A Deadly Adoption offre aussi un aperçu de ce qu’aurait pu être la carrière de ces 2 génies comiques s’ils avaient décidé, comme bon nombre de leurs congénères avant eux, de donner à leur carrière un virage dramatique (connu en France comme « syndrôme Tchao Pantin« ).
A défaut, et en optant à l’opposé pour le franchissement d’un nouveau palier via un geste purement gratuit et théorique, il est une nouvelle preuve que ces 2 là peuvent tout se permettre et qu’ils sont décidément très, très au-dessus de la mêlée.

Top 2014 – cinéma – j’ai pas aimé

Première salve de mon top cinéma 2014 : les films que je n’ai pas aimés, sans ordre particulier.

Les Francis

Pourquoi je me suis lancé là dedans ? Mystère… C’est, selon une une expression que j’affectionne particulièrement, « ni fait, ni à faire ». C’est simplement très mauvais, jamais drôle, monté et réalisé avec les pieds etc. Ca a dû coûter une blinde en plus (pas mal de décors naturels différents, superbes évidemment puisque l’action se déroule en Corse, seconds rôles « prestigieux » de Claudia Cardinale et Jacques Dutronc). Je ne sais plus qui disait qu’il y avait des films longs courts et des films courts longs : Les Francis est un film très court interminable.

 

Qu’est-ce que j’ai fait au bon Dieu ?

Eeeeeeeeeeevidemment que c’est nul et que je le savais. Mais j’aime bien me rendre compte par moi-même de la nature exacte de ces « phénomènes de société » (ceci étant, j’ai toujours pas vu Intouchables ni Avatar). Là j’ai pas été déçu : mal branlé, mal dialogué, bourré de clichés alors qu’il est supposé les combattre, le film a au moins le mérite de démontrer une nouvelle fois (malgré lui bien sûr) que les 3 religions monothéistes sont aussi rétrogrades et misogynes l’une que l’autre. Juifs, chrétiens et musulmans sont d’accord sur un point :  une femme ça ferme sa gueule, ça reste en cuisine et ça sourit tendrement devant la puérilité de ces gros bêtas de maris. Un film à montrer à tous ceux pour qui les scores stratosphériques du FN sont un sujet de questionnement. Sur un simple plan cinématographique, c’est le plus mauvais truc que j’ai vu depuis des années. Pire que Les Francis, ce qui n’est pas peu dire. PIRE QU’HOLY MOTORS. Capisce?

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J’ai chopé cette photo réunissant tous les protagonistes dans une église catholique donc, sur le site du Figaro. C’est génial.


Belle comme la femme d’un autre

Presqu’aussi puant idéologiquement parlant. Ca démarre comme une comédie du remariage à la Framçaise, pantouflarde mais parfois drôle/mignonne. Et puis le film déroule peu à peu son propos et il est gerbant. Le mec, évidemment vieillissant (Olivier Marchal, toujours sur les bons coups lorsqu’il s’agit de jouer les gros beaufs) veut donner une bonne leçon à sa future femme jalouse et évidemment vieillissante qui au départ voulait tester sa fidélité (Zabou Breitman, toujours très bien) en se tapant une jeune bombasse (Audrey Fleurot, ni bien ni mal : sans intérêt). Il se la tape, il lui donne donc une bonne leçon à cette conne un peu trop jalouse et pas assez sûre d’elle (et trop vieille), et finit avec la bombasse. Tout ça est probablement supposé se voir exonéré d’une quelconque misogynie par le simple fait d’être mis en scène par une femme. Dégueulasse.

 

Joe

J’en démords pas : ce film est complètement con. Vite, Pineapple Express 2 !

 

Godzilla

Les 2 seuls « vrais » acteurs du film sont dégagés passée la 1ère demie-heure. C’est con parce que du coup on se retrouve avec 2 endives adolescentes qui ont bien du mal à nous faire croire qu’ils sont déjà parents. Bilan :  les scènes avec que des monstres = pas mal; les scènes avec des humains dedans = très embarrassantes.

C'est quand même très très con d'avoir construit le film autour du plus mauvais acteur des 2
C’est quand même très très con d’avoir construit le film autour du plus mauvais acteur des 2


La vie rêvée de Walter Mitty

Il y a 10 ans, Ben Stiller aurait fait de ce film une parodie. Tristesse.

 

X men : days of future past

L’exemple parfait de la fausse bonne idée. Le 1er X-Men (réalisé par Bryan Singer) était super et il a cartonné. Le X-Men Origins sorti il y a 2-3 ans (réalisé par Matthew Vaughn) était super et il a cartonné. « Hey, on va mélanger les 2, on va faire bosser ensemble Singer et Vaughn et on va faire un film super qui va cartonner ! » Sauf qu’évidemment, ça n’est pas aussi simple que ça : intrigue trop tarabiscotée et surtout beaucoup trop de personnages et de stars. On imagine sans mal les avocats et agents sur le plateau et dans la salle de projection test, chronomètre en main, en train de vérifier que Jennifer Lawrence n’est pas lésée dans son temps d’apparition à l’écran par rapport à Hugh Jackman, ce dernier par rapport à Michael Fassbender, ce dernier par rapport à Omar Sy. Ah non merde ça marche pas là. Quoi qu’il en soit, même si c’est pas désagréable, c’est ni fait ni à faire là encore.

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Starring James Mesut Ozil Mc Avoy


L’amour est un crime parfait

Très enthousiaste à la sortie, beaucoup moins maintenant. J’ai voulu le revoir et je l’ai donc revu mais le problème c’est qu’au milieu, j’ai lu le roman de Philippe Djian… Et s’il n’est pas exempt de défauts, il a néanmoins révélé que les Larrieu s’étaient pas vraiment foulés sur le coup voire même qu’ils avaient sabré/édulcoré pas mal de choses intéressantes. Second visionnage très décevant donc puisque je passe de jaiaimé à jaipaaimé.

 

Her

Le film figurait dans une liste des « 20 films sur la solitude à voir » au milieu de titres de très bonne tenue. Comprends pas : c’est quand même super léger théoriquement parlant. Après… c’est pas déplaisant non et c’est bien réalisé. Juste joliment chiant et joliment inconséquent. J’en parle davantage ici. En relisant je me rends compte que j’avais nettement plus aimé que je le pensais mais avec le recul il ne m’en reste que les pantalons taille haute de Roaquine.

 

Deux jours une nuit

Bon c’est très bien en fait, y a pas de problèmes. Enfin, si, justement. UN problème. Je peux pas. C’est plus fort que moi, je peux pas. J’y arrive pas. Elle me gâche tout. Je prie pour qu’elle joue jamais dans un film de Wes Anderson.

Ca devait bien finir par arriver : elle regrette d'avoir appelé son fils Marcel.
Ca devait bien finir par arriver : elle regrette amèrement d’avoir appelé son fils Marcel.

 

Interstellar

Pas inintéressant mais beaucoup trop long et une résolution grotesque qui ruine ce que je me forçais déjà à sauver. Hey les mecs, sérieusement, revoyez 2001 avant de vous palucher sur ce prétendu nouveau Kubrick ! Non mais sans déconner…

 

The Homesman

J’ai pas trouvé ça mauvais à proprement parler mais le film a toujours le cul entre 2 chaises : entre ses 2 personnages principaux, entre Eastwood et Peckinpah, entre sécheresse et profonde humanité mais sans jamais choisir son camp ni, à l’inverse, embrasser tout ça dans un même élan romanesque. Faute de talent sans doute. Tommy Lee Jones est pas un mauvais gars mais bon… Ca fait quand même plaisir de revoir Hilary Swank, j’ai l’impression qu’elle avait complètement disparu.

Avec une actrice qui a débuté dans Beverly Hills et le papa de Betty Draper
Avec une actrice qui a débuté dans Beverly Hills et le papa de Betty Draper


Aimer boire chanter

Un « bon » film là aussi mais malgré tout le respect, l’admiration et l’affection que je peux avoir pour Alain Resnais, c’est vraiment l’exemple type de film de vieux monsieur… Clins d’oeil appuyés, mise en abyme pataude, rien ne manque. J’ai eu du mal à aller jusqu’au bout.

 

Nos pires voisins

Tu commences à connaître la maison, tu te doutes donc que c’est un film que j’attendais particulièrement. Je suis très déçu : quelques bons passages, quelques bons gags mais trop peu. Manquent également l’habituel vernis humaniste, le regard empathique. La « morale » de l’histoire est quand même d’une platitude assez désespérante et surtout inhabituelle chez des gars qui justement nous ont habitué à beaucoup de finesse et de justesse dans la peinture du couple et des rapports humains en général. J’espère qu’ils (les rejetons de la « famille » Apatow) ne sont pas en train de se reposer sur leurs lauriers parce que là c’est vraiment l’impression que ça donne.

Une des bonnes scènes (la Guigne ! )
Une des bonnes scènes (la Guigne ! )