Pacific Rim – critique

Apparemment c’est LE blockbuster de l’été et LE film pour lequel l’Internationale Geek tremble et mouille son slip à la fois.

Pour moi c’est simplement le nouveau Guillermo del Toro, un mec donc j’ai au minimum « aimé » tous les précédents flims donc j’y vais assez confiant.

Le prologue, étonnamment long, est superbe : très clair dans ses intentions, limpide dans son déroulement, il installe de main de maître des enjeux, une intrigue, des personnages et une iconographie puissants. Le petit détail qui n’a l’air de rien mais qui fait la différence: toute la machinerie représentée à l’écran apparaît un peu rouillé ou abîmée, en tout cas usée. Loin en tout cas des appareillages rutilants et aseptisés auxquels on est habitués dans des blockbusters type Transformers auxquels on est bien obligé de penser même si comme moi on en a vu aucun. Ca sent la tôle froissée, le boulon qui tient plus qu’à un fil, les machines qui ont vécu et ça suffit à distinguer illico Pacific Rim du tout-venant SF-fantastique.

Et puis après cet excellent prologue donc, le film démarre pour de bon. Et les dialogues sont à chier. Je veux dire vraiment à chier. Genre nanard. Et puis ces acteurs aussi, c’est quoi cette blague? A chier eux aussi. Attends mais C’EST une blague… Non ? Merde alors…

A mesure que les punchlines débiles et répliques lourdement définitives s’enchaînent, à mesure que les acteurs dévoilent leur mono-expression la plus basique (coup de chapeau à l’actrice asiatique, incroyablement pathétique) on comprend que ce film est sans doute pour Del Toro l’occasion d’assouvir un fantasme de geek ultime: cumuler scènes d’actions épiques et second degré total.

On comprend ou on espère? Je l’aime bien donc j’ai décidé d’opter pour la seconde théorie, et de considérer que Pacific Rim ne peut être qu’une bonne grosse blague, une film de sale gosse qui s’amuse à mettre en scène de grosses bastons de robots. Du coup je l’imagine souriant comme un couillon bienheureux en écrivant des dialogues potentiellement cultes sur Nanarland avec son budget explosant le PIB de la Namibie. Ca rend le film, du moins le projet, assez touchant car il devient dès lors la matérialisation vengeresse de tous les projets foirés de fanboys. Et on pense évidemment en premier lieu à Del Toro lui-même, débarqué/démissionnaire de la trilogie Le Hobbit

Un petit côté Rocky IV de fort bon aloi pour les pilotes russes.
Un petit côté Rocky IV de fort bon aloi pour les pilotes russes.

Touchant donc, et même jouissif si on se trouve dans l’état d’esprit des créateurs, mais assez frustrant dans le même temps: on ne peut pas s’empêcher de penser que s’il avait traité son sujet sérieusement, s’il avait gardé la ligne esquissée dans son brillant prologue, Pacific Rim aurait pu être le blockbuster parfait (spectaculaire ET intelligent).