Jeune et jolie – critique

J’ai complètement oublié de parler de ce film que j’ai pourtant vu il y a pas mal de temps. Mauvais signe en général mais là non: j’ai trouvé ça bien voire très bien. Sans comparaison en tout cas avec le précédent Ozon, Dans la maison, totalement foireux/é.

Jeune-et-jolie
Je vais pas faire le pitch, tout le monde sait de quoi ça parle. En revanche je vais spoiler.

Les critiques mentionnent peu le fait que ce qui relève de la prostitution à proprement parler s’achève relativement vite. Le vrai sujet du film, c’est la cellule familiale et ses dysfonctionnements (sujet ozonesque s’il en est). Ne pas croire les critiques offusquées/émoustillées donc: le film n’est pas du tout racoleur. Les scènes de passes sont filmées avec le plus d’objectivité possible, frontalement mais assez froidement (rencontre, transfert d’argent, « prestation », départ). On ne connaitra pas non plus les raisons du passage à l’acte d’Isabelle, l’héroïne et c’est tant mieux. D’ailleurs Ozon choisit d’en faire une gamine issue d’une famille aisée et mineure : ficelles de caractérisation un peu commodes sans doute, mais qui lui permettent d’éviter l’écueil de la chronique socio-judiciaire didactique et caricaturale, du film à thèse.

Tu me diras que c’est déjà pas mal. Mais là ou le film excelle vraiment c’est dans la peinture de la famille de l’héroïne et des rapports de ses différents membres. Jeune et jolie baigne dans une ambiance vaguement délétère de suspicion, d’espionnage domestique soft très bien rendue. Chacun aura droit à son moment de gêne et de turpitude profonde: la mère (excellente Géraldine Pailhas comme d’habitude, par ailleurs toujours plus ❤ ) qui entretient une aventure extra-conjugale avec un ami proche de la famille, et qui se fait gauler par sa fille; le beau-père (Frédéric Pierrot, bonne tête de bobo bonhomme) qui badine voire flirte naïvement avec Isabelle, et qui se fait gauler par sa femme; le petit frère qui observe sa grande soeur en train de se caresser, et qui se fait plus tard gauler à son tour par son beau-père en train de se masturber.

La subversion dont Ozon semble finalement dire qu’elle n’est jamais aussi bien et autant incarnée que par le simple fait d’être adolescent(e), surgit donc là où on l’attendait pas forcément, c’est évidemment une très bonne chose : le réalisateur a parfois fait n’importe quoi mais il n’est pas idiot. Idem pour le rapport à l’argent et cette scène à la fois étonnante et évidente au cours de  laquelle Isabelle insiste pour payer ses séances de psy avec l’argent de ses passes.

J’ignore si le film joue encore mais il est à voir même pour qui en a ras le bol d’Ozon (c’était mon cas avant la séance).

J’ai également vu Tip-Top de Serge Bozon mais je n’en parlerai pas car j’ai trouvé ça terriblement mauvais. Pas envie de perdre du temps à dire pourquoi mais en tout cas c’est une grosse déception, surtout après avoir lu le gros dossier que So Film lui a consacré le mois dernier.

Mes 3 prochaines séances sont des films que j’attends impatiemment depuis longtemps: Machete Kills, La vie d’Adèle et This is the end.

Bonne soirée les déglingos.