Girls – saisons 1 et 2 – critique

girls
Girls, au cas où tu serais pas au courant, c’est un peu LA grosse affaire de 2012-2013 en matière de (nouvelles) séries. Le quotidien sentimentalo-professionnel de 4 jeunes new-yorkaises, pour faire court.

C’est un peu LA série de la génération Y (tiens à ce sujet, j’ai lu il y a peu que ma génération, autrement dit celle des personnes nées entre 68 et 78, coincée entre la génération X et la génération Y donc, n’avait tout simplement pas de nom. C’est cool, j’avais déjà l’impression qu’on avait pas trop de place ni de statut IRL, ça confirme en quelque sorte. C’en est presque réconfortant. Pardon pour la parenthèse perso mais c’est mon blog et c’est un article sur Girls, j’ai donc plus que jamais le droit de me plaindre de mes malheurs à moi que j’ai. Quoi que je raconte, j’atteindrai jamais qu’un modeste 4 sur l’échelle de Lena Dunham, qui je le rappelle, grimpe jusqu’à 60.)
Bon, Girls donc, LA série qui (re)définit les contours d’un féminisme 2.0, LA série qui file un coup de vieux à toutes les autres séries (aux autres comédies proto-générationnelles en tout cas).

« Objectivement », on est dans le haut du panier, c’est évident. C’est supérieurement filmé, mis en scène, éclairé (sublime photo, vraiment). Dialogué aussi, même si l’un des problèmes c’est précisément la nature de ce qu’on fait dire aux acteurs. Un peu embêtant ça, tu avoueras.

LE problème néanmoins, c’est Lena Dunham.
Elle écrit, produit, réalise, interprète, à seulement 24 ans, c’est super. J’dis pas, c’est bien pour elle. Mais merde… Quel égocentrisme! Quel narcissisme! C’est sidérant… Jamais vu ça, vraiment. C’est parfois courageux, certes (l’épisode des tocs), mais putain, pourquoi les seuls personnages qui amorcent le début d’un semblant de remise en cause des héroïnes, et pourraient donc apporter un contrepoids, être source de « tensions » sur le plan dramaturgique et narratif, sont-ils aussi vite tués dans l’oeuf ou ridiculisés (à noter que même ridiculisé, Chris O’Dowd est toujours aussi choupinou)? Pourquoi appeler la série Girls quand tout ce qui intéresse manifestement Dunham c’est son personnage à elle qu’elle a écrit elle et qu’elle interprète? Elle. Mince, Jerry Seinfeld a appelé sa série Seinfeld et il a pourtant fait preuve de nettement plus de générosité envers tout le reste du casting. Honnêtement, je serais les 3 autres nanas de la série, je l’aurais vraiment mauvaise.

Je précise: on n’est pas ici dans l’égocentrisme de Woody Allen ou Larry David, on est véritablement dans ce que j’ai perçu comme étant un pur déballage narcissique et profondément égo(t)iste. Les névroses intimes de Jerry, Larry ou Woody ont toujours une visée, et une portée puisqu’ils ont du talent, universelle. Ca n’est absolument pas le cas ici et non je te vois venir, ça n’est pas parce que je ne suis pas une une new-yorkaise de 25 ans que ça ne me touche pas. Je ne suis pas non plus un juif new-yorkais de 35 ans en veste, sneakers et nuque longue, ni un cinquantenaire grisonnant et chauve vivant à LA.

C’est d’autant plus rageant qu’il y a du talent, c’est indéniable. Mais c’est d’un tel nombrilisme que je me suis demandé à plusieurs reprises si Lena Dunham serait un jour capable de parler d’autre chose que d’elle ou en tout cas de le faire de manière un peu moins frontale, un peu plus centrifuge et un peu moins centripète. OK elle est encore jeune mais je me pose sérieusement la question.

Allez, stop: Girls, du talent oui, mais absolument IN-SU-PPOR-TABLE.