Melody’s Echo Chamber – Connexion café, Toulouse

Melody’s Echo Chamber aka Melody Prochet a sorti l’an dernier un bon album de dream-psych-pop produit par Kevin Parker de Tame Impala (son boyfriend; enfin, à l’époque en tout cas, j’ignore ce qu’il en est actuellement. Je maîtrise mal le dossier, désolé).

On pouvait croire que pour ce concert, le public ne serait pas le même que pour celui de King Tuff au même endroit la veille. Eh bien non, il n’était pas le même, pas du tout. Pour King Tuff c’était t-shirts à slogans, facial hair en bataille et casquettes de truckers, pour Melody c’est plutôt moustache de hipster, veste cintrée pour monsieur et pimpante robe à fleurs pour mademoiselle (beaucoup plus de filles dans l’assistance évidemment).

Sur scène ils sont 5 et si le public, assez nombreux, est évidemment là pour Melody (entre la blogueuse de mode et une Lou Douillon qui se laverait un peu plus souvent), une partie vibre également pour le bassiste, Benjamin Gilbert, le régional de l’étape. Il est habituellement guitariste des toulousains d’Aquaserge, auteurs récemment d’un album avec April March et groupe de scène de Bertrand Burgalat il y a quelques années. Le batteur d’Aquaserge, l’excellent Julien Barbagallo aka Le Cube, accompagne d’ailleurs Tame Impala sur sa tournée mondiale. Tu suis toujours ?

Cette photo a été prise il y a bientôt 3 mois or hier soir elle portait exactement les mêmes fringues. C'est tout ce que j'ai à dire.
Cette photo a été prise il y a bientôt 3 mois or avant-hier soir elle portait exactement les mêmes fringues. C’est tout ce que j’ai à dire.

Concert de 45 minutes à peine mais qui paraissait en durer beaucoup plus. Bien en place, excellents musiciens, bonnes chansons mais beaucoup trop uniforme. Ca manquait singulièrement de relief. L’impression d’avoir sous les yeux et entre les oreilles une version plus pop de Beach House (que je tiens pour une grosse supercherie), donc forcément, ça m’a pas transcendé.

Pour être franc, j’ai déjà oublié ce concert… Et j’ai bien peur que c’était déjà le cas à peine sorti de la salle. Je continuerai néanmoins d’écouter l’album à l’occasion. C’est mignon ça.

King Tuff – Connexion café, Toulouse

KingTuff
Une quarantaine de personnes seulement pour assister à ce concert dans un bar habituellement dévolu à de l’electro merdique.
Après une première partie locale que je suis bien content d’avoir évité (je suis arrivé sur leur dernier morceau) le King Tuff trio installe son matos tranquilou dans la bonne humeur et en se faisant des hugs tro kawaii.
Ils  annoncent arriver du Primavera et racontent y avoir passé un bon moment. Ils prolongent le plaisir en sirotant du vin rouge sur scène.

Set très court de 45 minutes mais il en fallait pas plus : passé cette durée, ça peut lasser. Là c’était parfait : une douzaine de bombinettes power-pop enchaînées à tombeau ouvert et interprétées de manière un poil hasardeuse (le nombre de breaks ratés par le batteur: lolilol).
King Tuff (aussi incroyable que ça puisse paraître, c’est un pseudonyme: il s’appelle Kyle Thomas) apparait fidèle à ses chansons: débonnaire, souriant, sans doute un peu pété en permanence. C’est un mec qui introduit une chanson par « you guys make the best wine this song is called I’ll still be a freak when I’m dead » et qui colle parfaitement à la chanson et à cette image de slacker éternel : look de roadie-redneck avec blouson sans manches bourré de badges et clouté « King Tuff » dans le dos. Et une casquette de trucker, forcèment. Très bon look du bassiste moustachu également dans un registre surfer calif’ sur le retour davantage porté sur la bibine que les rouleaux.

Sur Keep on Movin, merveilleux tube évidemment ignoré, King Tuff chante « I let my guitar drool/ That’s how I stay so cool ». Bref, on sent bien le mec qui a davantage potassé les oeuvres complètes de Joey Ramone que celles de Fitzgerald ou Faulkner. Et c’est ça qui est bon ! Thomas possède un vrai talent pour la catch phrase un peu débile mais réjouissante, de préférence parée d’un enrobage hyper mélodique et accrocheur. Car sous ses allures de branleur, le gars écrit des compos inattaquables, toutes des classiques et tubes en puissance. Il faut vraiment écouter son album sorti l’an dernier, c’est une source ininterrompue de joie et de plaisir.

Pas grand chose à dire de plus: c’était court, intense, jouissif et un peu couillon comme un bon single punk-pop. Une chouette soirée « sixteen again » en somme.

Et là, le coup de théâtre, le twist de la mort, digne d’une apparition d’Ole-Gunnar Solskjaer dans les arrêts de jeu: je vois en sortant de la salle que Melody’s Echo Chamber joue au même endroit le lendemain. Non mais c’te folie! Dingue! 3 concerts en 4 jours! Wouuuuuuuuuuuuuuuuh! Spring break forever bitches!

Donc, demain, compte-rendu du concert toulousain de Melody’s Echo Chamber.

Melody's Echo Chamber

Crane Angels / Unknown Mortal Orchestra / Flaming Lips – Festival La Villette Sonique, Paris

Je découvrais le Parc de la Villette, le lieu m’a paru fort agréable et sympathique, quoiqu’un peu frisquet en ce qui concerne la Grande Halle. La température est graduellement montée, de même que l’ambiance même si, encore une fois, j’ai envie de pointer du doigt la relative froideur du public parisien (tu me vois pas mais j’ai le doigt pointé et le sourcil contrarié là).

Ouverture de la soirée par les bordelais de Crane Angels.

crane angels
Je ne les connaissais pas. Je n’ai appris que la veille qu’ils seraient de la partie, je n’ai pas eu le temps d’écouter. Juste lu la chronique de Magic qui parle d’une sorte de Polyphonic Spree en plus âpre. Visiblement le mec ne s’était pas donné la peine d’écouter l’album avant d’en parler parce que rien à voir. Ou alors, s’il suffit d’être plus de 4 sur scène pour évoquer Polyphonic Spree, ok (ils étaient 9). Bon, on s’en fout, je vais pas pinailler là-dessus, c’était mauvais, c’est tout ce qu’il y a à savoir.  Pas en place, bordélique, compositions moyenasses… Mauvais. Hé les mecs, faut bosser un peu hein. Surtout quand on veut jouer les branlotins entre les morceaux. C’est quand même la base ça, merde.

Les choses sérieuses commencent avec Unknown Mortal Orchestra.

Unknown Mortal Orchestra
II (quelle magnifique pochette n’est-ce pas ?) fait partie de mes favoris de l’année en cours, un prétendant sérieux au top 10, voire plus, et leur présence en 1ère partie des Lips a fini de me motiver pour assister à ce concert. Pour situer, si tu ne les connais pas, ils sont un peu à Jimi Hendrix ce que Tame Impala est aux Beatles : une sorte d’émanation à la fois ultra-référentielle et douée de vie propre. C’est déjà relativement évident sur disque, où leur psychédélisme rock affleure même sur les morceaux les plus écrits. UMO crée une musique incroyablement funky au sens « je vais te faire bouger ton p’tit cul » et « je vais te faire le cul » à la fois. Dansant ET sexy donc. Exemple type avec l’un des tubes de l’année, featuring le grand Christopher « Mac Lovin » Mintz-Plasse.

Le parallèle avec Tame Impala devient carrément flagrant sur scène, où les morceaux d’UMO, même les plus calmes, s’étirent en longues jams acides au cours desquelles la guitare de Ruban Nielson s’en donne à cœur joie. Ca peut paraitre chiant comme ça mais c’est tout le contraire : Nielson est un guitariste extrêmement inventif, au style unique (actuellement en tout cas) qui ne se laisse jamais emporter par ses capacités techniques très au-dessus de la moyenne (euphémisme). Pareil pour le batteur, parfait de A à Z. Le bassiste on s’en fout (look vaguement skateur pas très raccord avec les 2 autres d’ailleurs), à tel point qu’on se dit parfois que le groupe fonctionnerait parfaitement en duo guitare-batterie. Bon, c’était bieng, très bieng même. Un peu frustré qu’au final ils aient joué à peine plus longtemps que les branleurs qui les précédaient mais c’était super.

Place aux Flaming Lips donc.

flaming lips
Comment ne pas aimer ce groupe ? Comment ne pas aimer Wayne Coyne surtout, sa dinguerie totale, son enthousiasme débordant, sa voix ? On parle quand même là d’un type qui vit dans cette baraque et qui poste régulièrement sur son compte Twitter des photos de lui et/ou de sa femme à poil. J’aime bien cet épisode là aussi. Et je ne parle même pas des projets les plus fous du groupe, la liste serait trop longue. Je ne placerais pas les Lips dans mon panthéon des groupes contemporains (encore que…) mais c’est un groupe que j’aime beaucoup et que j’admire surtout pour son parcours, son exigence, sa créativité. L’exemple-type du groupe dont tu es ravi qu’il récolte un jour une reconnaissance populaire.

Gros point d’interrogation avant le concert : que vont-ils jouer ? Un best of euphorisant avec ballons, confettis et déguisements ? Une jam inaudible de 3h ? Leur dernier album en intégralité (je penchais un peu pour cette éventualité) ?
En tout cas, la mise en place d’éléments scéniques relativement complexes et élaborés laissent peu de doute quant à la création d’un gros dispositif et d’un show au sens propre du terme. J’ai un sens visuel horrible et des capacités descriptives proches du néant, je me contenterai donc de dire qu’il s’agissait là, en termes purement plastiques et sensoriels, du concert le plus impressionnant et stimulant auquel j’ai pu assister (et c’est un gars qui a vu le Roi Soleil de Monsieur Kamel Ouali qui le dit, autant que tu saches que je plaisante pas). Un déluge de projections visuelles hautement lysergiques, de spots clignotants, de néons et lasers qui collait parfaitement, et ne nuisait jamais, à la musique. Une petite photo pour donner une vague idée de ce que à quoi ça ressemblait (avec notamment les grosses boules métalliques qui m’ont fait penser à Kusama)

flaming lips live
La setlist a savamment mélangé des titres de tous leurs derniers albums (à l’exception d’Embryonic), avec, c’est logique, une majorité de titres du dernier, le si bien nommé The Terror (sublime pochette pinkfloydienne là encore). Surprenant a priori mais très logique là aussi au bout du compte.

Quelle est la grande trouvaille du groupe depuis The Soft Bulletin, l’album qui l’a fait accéder au rang de ceux qui comptent ? C’est selon moi d’avoir réussi à s’approprier des concepts aussi lourds que l’Amour, la Vie, la Mort dans ce qu’ils ont de plus essentiels et viscéraux (la beauté du visage de l’être aimé, la peur de le perdre, le miracle permanent de la Vie) et de l’avoir fait de la manière la plus pure, innocente et belle, qui soit. C’est ce qui fait de Do You Realize ?? leur hymne absolu, la quintessence de leur art pour cette période et une des plus belles chansons jamais écrites (Do you realize / That everyone/ You know/ Someday/ Will Die ?/ And instead of saying all of your goodbyes/ Let them know you realize that life goes fast/ It’s hard to make the good things last/ You realize the sun doesn’t go down / It’s just an illusion caused/ By the world/ Spinning round/ Dooooooooooooooo Youuuuuuuuuuuuu realiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiize ooooooooooooooh oooooooooooh ooooooooooh, ça y est je suis parti).
Parvenir à jongler avec ces concepts sans jamais être niais, pompeux, prétentieux mais au contraire frais, juste et profondément émouvant est absolument miraculeux. Dernière parenthèse, ma préférée dans ce registre est My Cosmic Autumn Rebellion, dans le top 3 des chansons-qui-me-laissent-la-gorge-serrée-à-tous-les-coups.

Or sur le dernier album, The Terror donc, ce sont les mêmes thématiques que le groupe aborde mais en allant cette fois à fond dans le côté obscur de l’angoisse (celui qui crée une peur panique, une terror) et non sur son versant lumineux (celui qui insuffle la pulsion de vie). Tout n’est donc qu’affaire d’ajustement pour faire se rejoindre 2 univers apparemment éloignés qui ne sont en fait que les 2 faces de la même pièce. Je m’arrête là je crois que t’as compris.

Setlist surprenante mais parfaite donc et lightshow époustouflant, qui convoquait plus que jamais les qualificatifs de « psychédélique », « psychotrope », « lysergique » souvent appliqués au groupe. En guise de cerise sur le gâteau, une reprise inattendue, WTF et émouvante, totalement Flaming Lips donc, du Heroes de Bowie (« that song makes you feel good, right ? » dira Wayne Coyne à son issue).

Ajoute à ça quelques interventions attendues mais toujours croustillantes du beau grisonnant aux frisettes (évidemment ravi d’avoir appris qu’il jouait ce soir-là dans d’anciens abattoirs) et tu comprendras que j’ai passé une bien belle soirée.

Demain, compte-rendu du concert toulousain de King Tuff !

king tuff